Au point de départ, il y a une initiative gratuite de Dieu. C’est Dieu qui pousse à se mettre en chemin. Un appel est entendu de manière ténue ou plus explicite, soudaine ou au contraire plus soutenue dans le temps. Une mise en chemin La rencontre avec Jésus passe le plus souvent par une rencontre personnelle de chrétiens. Nul besoin d’aller chercher très loin : il s’agit, dans nombre de cas, de membres de la famille : un conjoint, des grands-parents, une belle-sœur, qui témoignent de leur foi au Christ. L’amour, l’attention à l’autre, la joie font signe. L’église est également pour certains un lieu familier où l’on peut s’asseoir pour reprendre souffle, confier ses difficultés, faire brûler un cierge. Frapper la porte du presbytère ou se présenter à l’accueil de la paroisse représente une nouvelle étape qui nécessite courage. Cette démarche marque une première décision, celle d’entrer dans un parcours de préparation aux sacrements. Le chemin du catéchuménat Le chemin du catéchuménat est balisé par des étapes, marquées par des rites spécifiques qui introduisent progressivement à l’apprentissage de la vie chrétienne. Le chemin ne se fait pas seul, mais avec d’autres personnes qui découvrent elles aussi la foi chrétienne. Des membres de la communauté chrétienne les accompagnent sur ce chemin, de manière diverse : par la prière, en disant « bonjour » à la sortie de la messe, en témoignant de sa foi… Baptisés ou futurs baptisés, tous sont en chemin à la rencontre de Jésus. Ce chemin est communautaire. Le Pape François parle d’un « cheminement communautaire d’écoute et de réponse » à l’appel reçu de Dieu (La Joie de l’Evangile n. 166). Ce chemin intègre également « toutes les dimensions de la personne », dit encore le Pape François (ibid.). Il ne s’agit pas seulement d’acquérir des connaissances sur la foi chrétienne, mais de faire de toute sa vie une vie habitée par la rencontre avec le Christ. L’on parle de « conversion ». Il s’agit de se tourner vers le Christ et d’examiner sa vie sous son regard : comment la rendre plus conforme à ses enseignements, à la vie qu’il a lui-même vécue ? Ce changement, dont témoignent souvent les nouveaux baptisés, se réalise progressivement et dans la liberté. Chacun a une vocation propre. Le baptême dans la nuit de Pâques La nuit pascale constitue le sommet pour l’initiation chrétienne des catéchumènes. La célébration de la nuit du samedi saint au dimanche de Pâques est « une veille en l’honneur du Seigneur » durant laquelle les catholiques célèbrent Pâques, passage des ténèbres à la lumière, victoire du Christ sur la mort. Au cœur de la vigile, les baptêmes des jeunes et des adultes sont célébrés. Les catéchumènes sont plongés dans l’eau, signe du passage de la mort à la vie, du péché à la vie nouvelle en Christ. Ils sont baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Au sortir de l’eau, les nouveaux baptisés seront revêtus du vêtement blanc et reçoivent un cierge allumé, symbole du Christ qui est lumière. La joie de Pâques, c’est la joie de la Résurrection de Jésus, qui est célébrée dans cette fête. C’est aussi la joie d’accueillir de nouveaux chrétiens. Baptisés, ils sont ressuscités à la vie éternelle. Cette joie est communicative. Elle est celle des nouveaux baptisés, celle de leur famille et de ceux qui les entourent, celle de l’ensemble de la communauté chrétienne réunie pour la vigile pascale. La célébration de baptêmes de jeunes et d’adultes à Pâques est une invitation à l’espérance. Un chemin qui dure toute une vie Après Pâques, le chemin se poursuit. L’on parle communément de l’ « après-baptême ». La route prend de nouvelles couleurs, dévoile de nouveaux paysages. De nouveaux compagnons de route apparaissent. Il s’agit de vivre au quotidien cette nouvelle existence de baptisé, de redonner ce que l’on a reçu. En particulier, les nouveaux baptisés sont heureux de témoigner de leur parcours avec le Christ, d’accompagner à leur tour, en jeunes aînés, ceux qui viennent de se mettre en route sur le chemin.
Peut-on perdre la foi ?
Quand le doute nous ronge, nous croyons parfois « perdre la foi ». Mais que perdons-nous vraiment ? La réponse du P. Michel Souchon. J’ai perdu la foi; Est-ce vraiment si sûr ? La foi est-elle un objet que l’on perd comme un porte-monnaie ou un trousseau de clés ? C’est souvent au terme d’un processus lent et progressif que l’on se dit à soi-même, puis à d’autres, que l’on a perdu la foi. On ne croit plus en un Dieu personnel, qui parle à l’homme, on pense en réalité qu’il n’existe pas, on se détourne de l’Église et de ce qu’elle enseigne, on cesse de croire aux grandes affirmations du credo : la vie éternelle, la résurrection,… Tout cela semble faux et enfantin. Mais c’est aussi souvent la question du mal et de la souffrance qui taraude : « Si Dieu existait vraiment, il ne permettrait pas tout cela ». Et l’on bascule lentement de la foi à l’indifférence… Est-ce vraiment la foi ? Quand on a reçu une éducation religieuse dans sa famille ou à l’école, quand on a fait sa première communion, été enfant de choeur, on pense avoir la foi. Et c’est cela aussi que l’on pense avoir perdu : une croyance, qui, en réalité, était une forme d’adhésion à une tradition. Mais la foi, ce n’est pas que cela. La foi, c’est la réponse confiante à un appel qui s’exprime sous la forme d’une soif, d’un élan vers quelqu’un, d’ un dépassement de soi-même. La foi c’est reconnaître le Dieu des évangiles dans celui qui « attire » à lui, qui propose de marcher avec lui. Mais a-t-on vraiment besoin d’un Dieu qui s’adresse à nous comme un ami s’adresse à un ami ? Pas toujours. Souvent même, nous avons de bonnes raisons de ne plus croire A cause d’une blessure ? Certains enseignements de l’Église passent mal et provoquent parfois le départ de fidèles révoltés ou mal à l’aise. Par exemple ce qui concerne la sexualité, la contraception, ou l’euthanasie. De quoi se mêlent le pape et les évêques se demande t-on souvent, sans chercher à comprendre ce qu’ils disent et pourquoi ils le disent. Qui n’a pas non plus été blessé ou choqué un jour par le comportement d’un prêtre, d’un religieux ou d’une religieuse, ou encore par l’attitude d’un chrétien ? Certains scandales récents ayant éclaboussé l’Église ont pu aussi jeter un discrédit. A cause d’une épreuve… Très souvent, ce sont les grandes épreuves de la vie qui éloignent de l’idée de Dieu, donc de la foi. La maladie, la souffrance, la mort d’un enfant, sont des drames, surtout si nous avons prié pour sa guérison. Comment un Dieu bon peut-il permettre cela ? La question de l’absurdité de la vie revient alors en force et l’on se détourne avec colère. Et pourtant, combien témoignent de la tendresse de Dieu dans leur grande douleur ? Viennent les doutes Ce que l’on appelle perdre la foi est souvent la mettre en doute. On se met à s’interroger. On doute de la véracité des Ecritures. On peut perdre aussi confiance dans l’Église qui transmet le contenu de la foi. On l’accuse d’avoir compliqué son contenu par des « dogmes » auxquels on refuse de croire. Or, croire n’est pas abandonner sa raison mais adhérer à des vérités transmises, qui donnent sens à la vie, tout en faisant travailler son intelligence.Tous les grands saints parlent de leurs doutes, de leurs difficultés dans la prière, de leurs découragements, des luttes à mener… « Cherchez et vous trouverez « Saint Paul dit que la foi est un « combat ». Et il faut un certain courage en effet pour conserver envers et contre tout sa foi. Il faut du courage pour ne jamais s’interrompre dans la quête de la vérité, pour continuer à prier, à s’adresser à Dieu, même quand c’est dur et que l’on ne ressent rien, même aussi si c’est pour hurler sa souffrance. Parfois il faut chercher des réponses à ses questions, interroger les textes bibliques, lire des livres, rencontrer quelqu’un qui redonne le goût de croire. Souvent, c’est par paresse, ignorance, ou conformisme, que la foi s’effrite, mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas en quête de quelque chose qui nous dépasse. Et ce quelque chose, qui peut se transformer en quelqu’un, est souvent donné à celui qui aura cherché. Et ce jour-là, qui est un jour de conversion, aura la saveur de la vraie joie.
L’autel dans le culte chrétien : quelques rappels historiques
« Comme une source, la table du Seigneur est placée au milieu de l’église, afin que, de toutes parts, la foule des fidèles afflue à la source pour s’abreuver à ses flots qui sauvent » Saint Jean Chrysostome Bien avant son utilisation dans le culte chrétien, de tout temps et dans toutes les religions, les hommes ont édifié des autels aux forces invisibles. L’autel, du latin altus, est « élevé » en une sorte de piédestal ou de table de pierre destiné à recevoir les offrandes : il est au centre du culte sacrificiel. Les autels dans les premières religions Dans le bassin méditerranéen où s’implantera le christianisme, on pouvait apercevoir de nombreux sanctuaires païens abritant des représentations de dieux et des autels de toutes tailles et de toutes hauteurs… A Syracuse, un autel gigantesque est encore visible aujourd’hui : il mesure 199 mètres de long sur 23 mètres de large. Les historiens rapportent que l’on sacrifiait en même temps 450 bœufs égorgés tandis que leur sang devait se répandre sur la pierre ! Cet édifice date du 2e ou 3e siècle avant Jésus Christ. Les autels dans l’Ancienne Alliance Tout au long de l’Ancienne Alliance, la Bible mentionne des pratiques cultuelles liées à des autels jalonnant ainsi la route qui conduit au Christ : ceux qu’érigèrent Abraham après l’apparition du Seigneur et sa promesse, au chêne de Moré ; Moïse, dans l’acte fondateur au Sinaï ; Josué, au mont Ebal ; Salomon et tout Israël au jour de la Dédicace de la Maison du Seigneur ; Zorobabel, à l’occasion du rétablissement du culte ; Judas Macchabée, lors de la construction d’un nouvel autel à Jérusalem… La transition vers l’autel chrétien Dans ce contexte, les premiers chrétiens ont d’abord voulu se démarquer du culte juif et du culte païen : ils n’ont pas d’autel et vont aller jusqu’à écarter longtemps de leur vocabulaire l’emploi de ce mot. Par cette attitude, ils voulaient signifier la nouveauté absolue de leur foi. Telle était leur proclamation : « Nous ne possédons ni temples, ni prêtres, ni autels ! ». Pour eux, il n’y a qu’un temple qui est le Corps du Christ (Jn 2, 21), qu’un seul grand prêtre, le Christ (He 5,5), qu’un unique autel, le Christ (He 13, 10). Tout est « récapitulé » dans la personne du Christ, « par Lui, avec Lui et en Lui ». La nature de l’autel chrétien Dès lors, les chrétiens des premières générations parleront de « la table du Seigneur » (1 Co, 10, 21). Telle est bien la nature de l’autel chrétien où les fidèles viendront refaire leur force. Il est, en premier lieu, la table du repas du Seigneur, la table du Cénacle et d’Emmaüs. C’est là qu’on dépose le pain et le vin qui deviendront, dans le sacrifice de la Nouvelle Alliance, le Corps et le Sang du Christ. C’est à cette table qu’accèdent ceux qui veulent recevoir le Pain de la Vie et la Coupe du Salut. C’est autour de cette table que se noue l’unité de l’Eglise : « Une seule Eucharistie, un seul autel, un seul évêque !» affirmera saint Ignace d’Antioche. Le mystère de l’autel dans la prière de la Dédicace La splendide prière de la Dédicace d’un autel développe le mystère de l’autel qui trouve son accomplissement dans le Christ : il est à la fois le prêtre, l’autel et la victime. le prêtre qui offre le sacrifice à son Père, l’autel de pierre, lieu du sacrifice, semblable au rocher frappé par Moïse, « car de son côté transpercé il laissa couler l’eau et le sang, source des sacrements de l’Eglise ». (Saint Cyrille d’Alexandrie) et la victime, l’agneau immolé dont le corps repose sur l’autel (saint Ambroise). En régime chrétien, ce lieu unique est donc inséparablement « autel et table » comme le mentionne les Préliminaires du Missel Romain : « L’autel, où le sacrifice de la Croix est rendu présent sous les signes sacramentels, est aussi la table du Seigneur à laquelle, dans la messe, le Peuple de Dieu est invité à participer ; il est aussi le centre de l’action de grâce qui s’accomplit pleinement par l’Eucharistie ». (n° 259) « Que cet autel soit la table du Seigneur où ton peuple viendra refaire ses forces… Que cet autel soit pour nous le symbole du Christ…Que cet autel soit la table de la fête où les convives afflueront dans la joie… Que cet autel soit un lieu de paix et de profonde communion avec toi… Que cet autel soit source d’unité pour l’Eglise et source d’union entre les frères… Qu’il soit le centre de notre louange et de notre action de grâce… » (Rituel de la Dédicace d’un autel)
Quelques gestes de la liturgie
Dans la célébration liturgique, toute la personne est engagée et les gestes qu’elle pose revêtent autant d’importance que les mots, les chants, les silences. C’est un ensemble d’éléments variés qui fait accéder au mystère et entrer en relation avec Dieu. Qu’ils soient posés par l’assemblée ou par tel ou tel acteur de la liturgie, les gestes portent une intention de l’Église ou révèlent une attitude personnelle. Bien entendu, il ne s’agit pas de sombrer dans le ritualisme qui, parce que le geste devient automatique et déconnecté de l’intention, le réduit à sa plus simple expression et finit par en tuer la puissance symbolique et spirituelle. Il s’agit de regarder le sens de ces petits gestes de la liturgie, gestes parfois inaperçus ou négligés, pour en retrouver le sens et la portée spirituelle. Se signer avec l’eau bénite Le geste est encore courant lorsque l’on entre dans une église, si toutefois les bénitiers placés aux portes contiennent de l’eau. Le geste est loin d’être anodin. Il ne s’agit pas de marquer distraitement quatre points de son corps, mais de tracer la croix avec l’eau bénite, comme un double rappel du baptême. Ce jour-là, le premier signe tracé sur notre corps fut le signe de la croix ; puis l’eau baptismale nous baigna. Quatre points de notre corps ainsi marqués nous rappellent que la croix du Christ est l’instrument de notre salut et que, depuis notre baptême, nous avons revêtu le Christ. Le calme avec lequel nous posons ce geste, la manière dont nous le déployons lui donnent tout son poids. Nous aurions à retrouver ce geste, si nous l’avons oublié, d’autant qu’il aidera à percevoir l’église comme un lieu autre, habité d’une mémoire, celle du baptême, et d’une présence mystérieuse, celle du Christ dont la croix nous sauve. Se frapper la poitrine Le geste est moins courant qu’à certaines époques ; la liturgie de la messe nous le propose pourtant à plusieurs reprises. Il ne s’agit pas de toucher son vêtement du bout des doigts, mais de se frapper la poitrine, le poing serré. Pourquoi la poitrine ? Parce que c’est le lieu vital du cœur et du souffle, le centre de l’être vivant. Il s’agit d’un geste de désignation, comme si l’on s’accusait en disant : « C’est moi ! » Il manifeste publiquement que l’on se reconnaît pécheur. Ce n’est pas un geste anodin ; il doit nous toucher le cœur, ébranler nos attitudes et nos choix de vie. Il nous réveille de nos léthargies et nous fait choisir Dieu. Se signer avant l’évangile Voilà un geste trop souvent accompli mécaniquement à tel point qu’il devient dérisoire et perd toute signification. Son sens mérite d’être connu. C’est un beau geste dont on peut résumer le sens par la formule suivante : « Que cet évangile pénètre mon intelligence pour que je le comprenne, ma bouche pour que je le proclame, ma poitrine et mon cœur pour que j’en vive et que je l’aime ». Le triple signe de croix sur le front, les lèvres et la poitrine dit la manière dont nous avons à recevoir la parole de Dieu. Joindre et ouvrir les mains Dans la vie courante, nos mains reflètent souvent nos émotions, nos attitudes intérieures, nos sentiments et nos désirs. Elles ne sont pas qu’utilitaires. Il en est de même dans la liturgie où elles ont leur propre langage, même s’il s’agit de gestes traditionnels de la société civile, gestes repris par la liturgie. A l’époque féodale, joindre les mains était un geste d’allégeance. Jointes, avec parfois les doigts croisés, les mains invitent au recueillement intérieur et à la vénération de Dieu, à l’union intérieure avec Lui. Si elles entraînent une attitude hiératique ou rigide, les mains jointes détournent le sens du geste. Quant aux mains ouvertes, souvent levées vers le ciel, elles retrouvent une coutume de la prière chrétienne et signifient l’accueil et le don. Des peintures découvertes dans les catacombes témoignent que cette attitude était celle du prêtre à l’autel. Ce geste, beaucoup de chrétiens l’on adopté. Il accompagne la prière du Notre Père mais aussi très souvent la prière personnelle. Des gestes inutiles ? Tous ces rites pourraient passer pour dérisoires. Pourquoi y prêter attention ? Parce que tous les rites de la liturgie, si simples soient-ils tracent un itinéraire indispensable à la rencontre des autres et de Dieu. Tous ces petits rites nous font passer d’une attitude à l’autre, d’une situation à une autre. Baptisés, nous suivons le Christ dans sa Pâque ; nous passons avec lui de la mort à la vie. Et nous empruntons l’itinéraire rituel que propose l’Église, un itinéraire dont il convient de saisir les étapes et le sens pour aboutir à la rencontre du Christ. Sur cet itinéraire, tous les gestes ont leur place et un sens. De plus, la liturgie est un acte de l’Église, un acte qui nous fait passer d’un statut individuel au statut de membre du corps du Christ. Poser ensemble tous ces gestes, vivre ensemble les mêmes attitudes participe fortement à la construction de l’Église. Si les gestes sont humbles, parfois peu visibles, ils revêtent toute leur importance dans leur réalisation. Leur redonner du sens ne peut qu’aider les chrétiens à habiter la liturgie comme lieu de rencontre de Dieu et de son peuple. Nous avons intérêt à relire régulièrement tous ces gestes pour qu’ils demeurent ajustés et harmonieux. Ils participent à la beauté de la liturgie. Cet article est paru dans la revue Célébrer n°405, Septembre-Octobre 2014
Les couleurs de la liturgie
La couleur utilisée dans les offices religieux dépend du temps liturgique et des fêtes particulières célébrées. Signe qu’on prie avec tout son corps et notamment avec ses yeux, la couleur des étoles, chasubles et autres ornements liturgiques indique la tonalité de la prière de l’Église. Au XVI° siècle, avec le Concile de Trente il est admis cinq couleurs, déjà utilisées depuis longtemps : le blanc, le rouge, le vert, le violet, le noir. Ces couleurs sont signifiantes car elles expriment la fête, la passion, l’espérance, la pénitence, le deuil. C’est au XIX° siècle que ces couleurs liturgiques ont été définitivement codifiées. La liturgie étant l’hommage intégral à Dieu de tout le créé, l’usage des couleurs dans les célébrations est une partie intégrante du culte. Le choix et la variété de ces couleurs a beaucoup dépendu des temps et des lieux ; il en est encore ainsi. En Occident, les couleurs liturgiques sont les suivantes : le blanc, le rouge, le vert, le violet, le noir et le rose ; c’est ainsi que les énumère l’Institution générale du Missel romain (n° 308), qui laisse d’ailleurs aux Conférences épiscopales le soin d’entériner les coutumes locales ou d’adapter les normes générales. Leur signification Le vert Couleur liturgique du temps ordinaire, évoquant la croissance de l’Église, grâce à la sève venue de Dieu. Le violet Dans la liturgie, le violet est la couleur des temps de pénitence (Avent et Carême) ; on l’utilise aussi pour les célébrations pénitentielles, ainsi que pour les offices des défunts. Le rouge Couleur liturgique qui évoque le sang ou le feu. Elle est utilisée le dimanche des Rameaux, le Vendredi saint, le jour de la Pentecôte et aux messes en l’honneur du Saint-Esprit, en la fête de la sainte Croix, aux fêtes des Apôtres et évangélistes, et aux fêtes des saints martyrs. Le blanc Couleur liturgique des ornements utilisés au temps de Noël et au temps pascal. On la retrouve aux fêtes de la dédicace, de la Vierge Marie, des anges, des pasteurs, des docteurs de l’Église, des saints et des saintes qui ne sont pas martyrs. Le blanc évoque la pureté, mais plus encore la Gloire divine et l’éclat de tout ce qui touche à Dieu. C’est la couleur de la résurrection. Aux célébrations solennelles, on peut utiliser les ornements les plus beaux, même s’ils ne sont pas de la couleur du jour. Il y a également une tradition de couleur rose pour certains dimanches de l’Avent et du Carême et de couleur bleue pour les fêtes mariales.
Eau bénite : un renouvellement sans fin du Baptême
Dès notre enfance, on nous a appris que, quand on rentre dans une église, il est important de plonger nos doigts dans les fonts baptismaux ou dans un bénitier et de faire le signe de la Croix avec l’eau bénite. C’est une manière pour rappeler la valeur de notre Baptême et nous souvenir comment nous sommes devenus en tout et pour tout partie de l’Église. En nous mouillant avec cette eau bénite, nous recevons de nouveau la grâce sacramentelle reçue à cet instant-là, en renaissant de nouveau dans le Seigneur. C’est comme si nous renouvelions notre engagement, notre volonté d’appartenir au peuple de Christ, duquel nous faisons partie à partir du moment où nous sommes baptisés. Et puisque le Baptême est le sacrement du salut, être aspergés d’eau bénite nous met en contact direct avec Jésus. Dans l’évangile selon Jean Jésus dit à la Samaritaine : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire ! tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il t’aurait donné de l’eau vive » (Jean 4, 10). Cette « eau vive » dont Jésus parle est sa personne. L’eau a toujours eu une importance fondamentale dans les Saintes Écritures, en tant que symbole de salut, de purification. La Liturgie s’est appropriée cette dimension spirituelle de l’eau, en en faisant l’un de ses symboles les plus importants, avec le Sacrement du Baptême, et en faisant de l’eau bénite un sacramental. Eau bénite comme sacramental L’eau bénite est un des sacramentaux, les signes sacrés institués par l’Église dans le but d’obtenir des bénéfices spirituels. Il s’agit de cultes pouvant être assimilés aux Sacrements sous bien des aspects, à la différence que ces derniers viennent d’un ordre divin, tandis que les sacramentaux sont institués par le Siège Apostolique. « La sainte Mère Église a institué des sacramentaux, qui sont des signes sacrés par lesquels, selon une certaine imitation des sacrements, des effets surtout spirituels sont signifiés et sont obtenus par la prière de l’Église. Par eux, les hommes sont disposés à recevoir l’effet principal des sacrements, et les diverses circonstances de la vie sont sanctifiées » (Catéchisme 1667). Deux autres sacramentaux très importants et qui, comme l’eau bénite, ne devraient jamais manquer dans la maison d’un fidèle, sont le crucifix et le sel bénit. Les sacramentaux ont un puissant effet spirituel et servent à sanctifier de nombreux gestes et situations quotidiennes. Mais il ne faut pas penser à eux comme à des objets magiques ! L’objet en soit n’a aucun pouvoir, mais l’Église a attribué à cette matière un pouvoir spirituel et c’est donc Jésus qui agit à travers cet objet. À chaque fois que nous sommes aspergés d’eau bénite, que nous plongeons nos doigts dans un bénitier et que nous faisons ensuite le signe de la Croix, nous nous souvenons de notre Baptême. Comment utiliser l’eau bénite Les simples fidèles peuvent utiliser l’eau bénite pour faire le signe de la croix quand ils rentrent dans une église, en puisant dans les bénitiers et conserver des bouteilles d’eau bénite chez eux. Cela permet de penser un peu plus souvent à Jésus et de protéger sa maison des influences négatives et néfastes. L’eau bénite, en outre, est liée à des utilisations rituelles particulières. Elle peut en effet être utilisée pour consacrer, bénir et exorciser, mais seul un ministre ordonné ou quelqu’un qui agit sous l’orientation de ce dernier peut accomplir ces actions. Le même discours vaut pour la pratique d’asperger de l’eau bénite sur les cercueils pendant des funérailles. Consacrer : il s’agit de donner une bénédiction permanente. Elle peut être opérée sur des objets, des lieux et aussi sur des personnes. Une fois que quelque chose ou quelqu’un a été consacré, il appartient à Dieu. Bénir : cela signifie invoquer la protection de Dieu sur quelqu’un ou sur quelque chose. L’Église utilise souvent l’eau bénite afin de bénir les fidèles à l’occasion des Sacrements et des cérémonies. Pape Léon IV (847-855) introduisit la pratique de la part des prêtres de bénir et asperger les fidèles d’eau bénite chaque dimanche. Exorciser : comme tous les sacramentaux, l’eau bénite est très efficace comme protection contre le Diable. C’est pour cette raison qu’elle est utilisée en abondance pendant les exorcismes, mais aussi quand on souhaite éviter le mal. Comment NE PAS utiliser l’eau bénite Utiliser l’eau bénite, tout comme un autre sacramental et, plus en général, un autre symbole sacré, de manière inappropriée est une faute grave et parfois même un blasphème. Très souvent, les non catholiques profitent de la légèreté ou de l’ignorance des croyants pour les discréditer eux et leurs croyances, en profitant des erreurs et de l’insouciance dans l’utilisation des symboles et des rituels. Il est très facile de tomber dans la superstition, en utilisant les sacramentaux et les sacrements même de manière incorrecte. Nous ne pouvons pas obliger Dieu à nous concéder tout ce que souhaitons seulement parce que nous nous comportons correctement et donc nous pouvons encore moins le faire en utilisant des formules magiques et des rites improvisés à la maison ! L’eau bénite ne possède pas de pouvoirs magiques. Ce n’est pas un médicament, elle n’est pas faite pour nettoyer la maison, ni pour éviter le mauvais œil si nous la gardons toujours dans notre poche ou à notre cou comme porte-bonheur. C’est Dieu, et Lui seul, qui décide ce que nous méritons ou pas, ce qui doit nous arriver, de bon et de mauvais. La seule « magie » pour un chrétien est de se confier à Sa volonté, de l’accepter avec humilité et soumission, de faire de son propre mieux pour supporter le fardeau qu’Il a choisi pour nous et, naturellement, faire trésor des talents et des chances qu’Il met sur notre chemin. Tout le reste n’a pas d’importance. L’eau bénite aussi n’a donc de sens que si on l’interprète comme partie du parcours chrétien, comme élément précieux de salut et de lien avec Christ, avec notre Baptême. Toute autre interprétation et toute autre utilisation appartiennent à la sphère de la