Quand le doute nous ronge, nous croyons parfois "perdre la foi". Mais que perdons-nous vraiment ? La réponse du P. Michel Souchon.
J’ai perdu la foi; Est-ce vraiment si sûr ? La foi est-elle un objet que l’on perd comme un porte-monnaie ou un trousseau de clés ? C’est souvent au terme d’un processus lent et progressif que l’on se dit à soi-même, puis à d’autres, que l’on a perdu la foi. On ne croit plus en un Dieu personnel, qui parle à l’homme, on pense en réalité qu’il n’existe pas, on se détourne de l’Église et de ce qu’elle enseigne, on cesse de croire aux grandes affirmations du credo : la vie éternelle, la résurrection,… Tout cela semble faux et enfantin. Mais c’est aussi souvent la question du mal et de la souffrance qui taraude : « Si Dieu existait vraiment, il ne permettrait pas tout cela ». Et l’on bascule lentement de la foi à l’indifférence…
Est-ce vraiment la foi ?
Quand on a reçu une éducation religieuse dans sa famille ou à l’école, quand on a fait sa première communion, été enfant de choeur, on pense avoir la foi. Et c’est cela aussi que l’on pense avoir perdu : une croyance, qui, en réalité, était une forme d’adhésion à une tradition. Mais la foi, ce n’est pas que cela. La foi, c’est la réponse confiante à un appel qui s’exprime sous la forme d’une soif, d’un élan vers quelqu’un, d’ un dépassement de soi-même. La foi c’est reconnaître le Dieu des évangiles dans celui qui « attire » à lui, qui propose de marcher avec lui. Mais a-t-on vraiment besoin d’un Dieu qui s’adresse à nous comme un ami s’adresse à un ami ? Pas toujours. Souvent même, nous avons de bonnes raisons de ne plus croire
A cause d'une blessure ?
Certains enseignements de l’Église passent mal et provoquent parfois le départ de fidèles révoltés ou mal à l’aise. Par exemple ce qui concerne la sexualité, la contraception, ou l’euthanasie. De quoi se mêlent le pape et les évêques se demande t-on souvent, sans chercher à comprendre ce qu’ils disent et pourquoi ils le disent. Qui n’a pas non plus été blessé ou choqué un jour par le comportement d’un prêtre, d’un religieux ou d’une religieuse, ou encore par l’attitude d’un chrétien ? Certains scandales récents ayant éclaboussé l’Église ont pu aussi jeter un discrédit.
A cause d'une épreuve...
Très souvent, ce sont les grandes épreuves de la vie qui éloignent de l’idée de Dieu, donc de la foi. La maladie, la souffrance, la mort d’un enfant, sont des drames, surtout si nous avons prié pour sa guérison. Comment un Dieu bon peut-il permettre cela ? La question de l’absurdité de la vie revient alors en force et l’on se détourne avec colère. Et pourtant, combien témoignent de la tendresse de Dieu dans leur grande douleur ?
Viennent les doutes
Ce que l’on appelle perdre la foi est souvent la mettre en doute. On se met à s’interroger. On doute de la véracité des Ecritures. On peut perdre aussi confiance dans l’Église qui transmet le contenu de la foi. On l’accuse d’avoir compliqué son contenu par des « dogmes » auxquels on refuse de croire. Or, croire n’est pas abandonner sa raison mais adhérer à des vérités transmises, qui donnent sens à la vie, tout en faisant travailler son intelligence.Tous les grands saints parlent de leurs doutes, de leurs difficultés dans la prière, de leurs découragements, des luttes à mener…
"Cherchez et vous trouverez "
Saint Paul dit que la foi est un « combat ». Et il faut un certain courage en effet pour conserver envers et contre tout sa foi. Il faut du courage pour ne jamais s’interrompre dans la quête de la vérité, pour continuer à prier, à s’adresser à Dieu, même quand c’est dur et que l’on ne ressent rien, même aussi si c’est pour hurler sa souffrance. Parfois il faut chercher des réponses à ses questions, interroger les textes bibliques, lire des livres, rencontrer quelqu’un qui redonne le goût de croire. Souvent, c’est par paresse, ignorance, ou conformisme, que la foi s’effrite, mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas en quête de quelque chose qui nous dépasse. Et ce quelque chose, qui peut se transformer en quelqu’un, est souvent donné à celui qui aura cherché. Et ce jour-là, qui est un jour de conversion, aura la saveur de la vraie joie.